Sans doute êtes-vous challengés par vos parties prenantes, clients, investisseurs et/ou ONG qui vous somment d’avancer sur cette question brûlante. Vous cherchez quelles sont les meilleures pratiques et les meilleurs labels afin de vous prémunir des risques réputationnels qui pèsent désormais sur les entreprises les moins scrupuleuses.
Mais vous le sentez : la question animale n’est pas un item comme les autres dans votre stratégie RSE. Et vous avez raison.
Elle ne s’inscrit ni tout à fait dans la sphère environnementale, ni tout à fait dans la sphère sociale. Elle revêt des aspects éthiques aussi forts que clivants. Elle oblige à regarder de plus près le rôle que joue votre activité, directement ou non, dans la production — massive et généralisée — de souffrance et de mortalité d’individus sentients. Elle ouvre sur des problématiques complexes qui n’ont pas de solutions immédiates de remplacement. Enfin, elle se heurte à des contraintes réglementaires ou économiques difficiles à contourner.
Pourtant, malgré les apparences, il y a beaucoup plus à faire pour les animaux que vous ne le pensez. Voici quelques conseils pour vous aider à y voir plus clair et à aller plus loin.
Pensez zooinclusivité plutôt que bien-être animal
Considérer les animaux comme des parties prenantes plutôt que comme de simples ingrédients ou matières premières devrait être au cœur de votre réflexion, puisqu’il en va du principe même de la RSE fondée sur la théorie des stakeholders.
Catégorisez vos impacts en fonction des différents types d’animaux en lien avec votre activité :
• animaux sauvages,
• animaux liminaires (vivant à proximité de vos infrastructures et bâtiments),
• animaux domestiques (ceux de vos salarié·es ou de vos client·es),
• animaux dits d’élevage,
• animaux dits d’expérimentation.
Vous observerez alors que vos impacts sont bien plus protéiformes que vous ne l’aviez imaginé. Et cela ouvre aussi de nouveaux leviers d’actions à explorer.
Pensez votre action de manière intégrée, globale et transversale, comme une verticale de votre stratégie RSE. Formalisez une politique zooinclusive à partir des groupes d’interactions homogènes que vous entretenez avec les différentes populations animales. Définissez vos priorités en gardant en ligne de mire la réduction de la souffrance en termes de durée, d’intensité et de nombre d’individus concernés (voir les travaux du Welfare Footprint Institute à ce sujet).
Ne vous concentrez pas uniquement sur les impacts négatifs
Bien entendu, la priorité doit aller à la réduction immédiate des souffrances et à l’amélioration des conditions de vie des animaux. Pour autant, ne vous privez pas d’explorer les impacts positifs que votre activité pourrait générer à leur endroit. Adopter le « point de vue animal » favorise l’innovation et ouvre de nouvelles approches.
Dans le bâtiment, l’immobilier, la mobilité, le design, mais aussi dans des secteurs comme la finance, le tourisme, l’informatique ou encore la communication… vous seriez surpris·e des possibilités pour agir en faveur des animaux. Nous vous proposons de consulter notre liste d’actions inspirantes ici.
N’oubliez pas que la question animale comporte deux aspects :
• un court terme, relatif à la réduction de la souffrance et à la protection des animaux,
• et un long terme, qui concerne le changement culturel.
Autrement dit, vous avez devant vous un terrain de jeu plus vaste que prévu pour faire évoluer la manière dont vos parties prenantes considèrent les animaux. Et c’est aussi ce que les ONG attendent de vous.
Définissez des indicateurs pour chaque catégorie animale
Une fois vos priorités définies, posez des indicateurs. Ici, vous pouvez vous synchroniser avec le calendrier réglementaire européen ou vous appuyer sur les propositions des ONG. L214 a par exemple lancé en 2025 la campagne « Le Sauvetage du siècle », invitant à réduire de 50 % d’ici 2030 le nombre d’animaux élevés, pêchés et tués pour la consommation de viandes, poissons, œufs et produits laitiers en France.
Quelle que soit la trajectoire que vous vous fixez, la réduction des matières animales — et à terme leur remplacement — devrait être envisagée. La dépendance aux matières premières animales deviendra un risque matériel : zoonoses, climat, épizooties, éthique… et l’acceptabilité sociale de la souffrance animale ne cessera de diminuer dans les années à venir.
Entourez-vous de spécialistes pour vous conseiller
La question animale est complexe, plurielle, et ne saurait être embrassée par une seule personne, même experte. La diversité des intérêts des animaux concernés est vaste, tout comme l’éthologie propre à chaque espèce (voire à chaque individu…).
Constituez un panel d’expert·es sur les questions opérationnelles afin de connaître plus précisément les enjeux spécifiques à chaque population animale sur lesquelles vous avez un impact. Vous pouvez intégrer ces spécialistes en tant que parties prenantes clairement identifiées.
Vous pouvez désormais officialiser la prise en compte de cette thématique dans un intitulé élargi de type « responsable RSE & éthique animale » ou nommer un·e référent·e dédié·e au titre de « responsable zooinclusivité » au sein de votre cellule RSE.
Acculturez vos équipes
Comme pour tout déploiement d’une stratégie RSE, si vous souhaitez accélérer les transformations, vous devez faire évoluer la culture interne sur cette question. Vous pouvez commencer par la Fresque des animaux, cocréée par la cofondatrice de l’agence, Anne-Laure Meynckens.
Pensez également aux mécaniques d’engagement transformatrices : mécénat de compétences, congés solidaires, immersion dans des organisations partenaires… Et si vous organisiez votre prochain séminaire de direction dans un sanctuaire animalier ? Pensez à utiliser la richesse du calendrier institutionnel (Journées mondiales des animaux, de la vie sauvage, du chien, du chat, du véganisme, de la biodiversité, des océans, des insectes…) pour rythmer votre dynamique d’engagement.
Enfin, la question animale, c’est aussi une affaire de bonnes pratiques de communication. Nous finalisons actuellement un guide sur le sujet. Pour ne pas manquer sa sortie, abonnez-vous à notre newsletter et suivez-nous sur LinkedIn ici & ici.
Formalisez une Animal Ethics and Welfare Policy
Une fois vos intentions clarifiées, formalisez un document cadre — à usage interne comme externe — pour partager vos engagements. Bien entendu, à l’heure du backlash et du greenhushing, vous pourriez être tentés de rester discrets : après tout, tout ne dépend pas que de vous. Il faut que les filières, les partenaires, les clients et les équipes suivent. Et les ONG vous observent…
La communicante responsable que je suis devrait saluer cette posture. Pendant des années, j’ai tenu la bride à mes annonceurs en répétant deux mots : humilité & humilité. On communique largement quand les objectifs sont atteints, pas avant.
Et pourtant, dans ce cas précis, c’est une erreur.
Pour maximiser les chances d’atteindre les résultats visés, c’est toute la filière qu’il faut embarquer, du consommateur au distributeur. Les entreprises pionnières contribuent à normaliser de nouveaux usages, et la communication devient un accélérateur du changement culturel. Et c’est, en soi, une bonne pratique. Si les résultats ne sont pas au rendez-vous, vous expliquerez pourquoi en temps venu.
Gardez à l’esprit que la qualité et la régularité du dialogue avec les ONG sont des facteurs décisifs dans le déploiement de votre politique tout comme dans l’atteinte de vos objectifs, bien au-delà de la simple gestion des risques.
Envie d’aller plus loin ?
Nous développons actuellement le premier label transversal « éthique animale » qui se compose de 7 grandes thématiques et 140 questions allant de l’alimentation à la communication en passant par les achats, l’immobilier et la politique sociale.
Nous lançons un appel à candidature pour tester le référentiel avec des entreprises pilotes.
Que gagnez-vous à être pilote, en plus de faire mieux pour les animaux ? Un nouvel axe de communication, une notoriété auprès de la communauté vegan/animal friendly, une mesure d’impact robuste de votre activité sur les animaux, une image de pionniers…entre autres.
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